Le plein d'expérience
L'éternité c'est long, surtout sur la fin !




Encore un réveil bien matinal pour me retrouver garé à Gréoux-les-Bains vers 7h. Le temps de retirer le dossard n°813, se préparer et s’échauffer, on est un peu moins de 300 coureurs dans le sas départ sous un soleil généreux. Objectif le grand parcours, soit 170 Km pour un dénivelé annoncé à 2400 m, en réalité beaucoup mesureront in fine plus de 3000 m pour le dénivelé. 8h30 départ nerveux et on attaque assez rapidement quelques côtes pas trop raides mais ce n’est pas mon rythme. Vers Saint-Laurent ou Montpezat (de mémoire, pas certain), je suis repris par la tête du petit parcours (91K) partie un quart d’heure après nous. Ca va vite et ils prennent pas mal de risques en descente sur une petite route au revêtement moyen. Devant moi un coureur file tout droit avec sortie de route dans les cailloux, ça refroidit… J’en profite alors pour suivre des groupes du 91K dans les descentes, même si je ne peux pas le faire longtemps. Embarqué dans le peloton avec des enchaînements de virages, c’est impressionnant et jouissif, mais mieux vaut rester lucide sur ses propres capacités !

Village de Roumoules au K44 après 1h39’ de course et premier ravitaillement, l’occasion de descendre du vélo quelques secondes. Une moyenne d’environ 27 Km/h, premier quart de la course «un peu» dans le rouge mais c’était voulu pour ne pas décrocher trop vite. Maintenant encore du roulant, séparation des deux parcours, puis on va aborder le gros morceau avec les gorges, les deux cols et la route des crêtes. Heureusement j’avais déjà reconnu cette partie trois semaines auparavant. Le secteur Moustiers col de l’olivier, avec sa route en balcon au début et la vue sur le lac, me plait énormément. Aujourd’hui même le col d’Ayen passe bien, mais à mon rythme. Pas vraiment de groupes bien organisés sur l’arrière de la course, même si on commence à identifier des coureurs dans la même cadence. C’est un peu la double peine mais je ne suis pas assez rapide pour rester et relayer dans un groupe qui «tire».


                       

Descente sur La Palud, il commence à y avoir des voitures dans ce petit village et il faut se frayer un chemin à travers les campings cars. Ouf, enfin l’intersection pour la route des crêtes, j’en profite pour retirer le gilet et ravitailler avec des barres. Le second ravito est prévu au sommet des crêtes vers le quatrième belvédère et je sais qu’après le second belvédère ce sera bien raide. C’est un week-end chargé, beaucoup de motos aux pots trafiqués, des frimeurs, du bruit, pas top. Dans ce cas je «débranche le cerveau» ou j’essaye de me concentrer sur les miens, sur certains moments de ma vie, cela rend plus fort. Et surtout… je souris, j’ai la banane même si c’est vraiment dur, heureux d’être là, bien vivant.

Enfin le second ravito au sommet, belvédère du tilleul au K85, mais … plus d’eau ! Le bénévole est désolé pour nous, on se partage sa petite bouteille perso qu’il nous tend. Pour moi juste une gorgée, c’est con mais ce n’est pas grave et j’ai assez pour tenir jusqu’à La Palud où la superbe fontaine nous attend. J’enfile le gilet pour la descente, le soleil étant voilé. Descente que je sais dangereuse : pentes assez fortes avec des virages serrés, gravillons ou cailloux sur la route, deux tunnels courts sans lumière et surtout sorties de route à éviter sauf à déployer le parachute (version sportive) ou ses ailes (version héroïc fantasy). Après le chalet de La Maline, la circulation redevient à double sens. Arrive alors l’ascension d’un petit col ouvrant l’accès à La Palud.


                       

Pause fontaine, des étirements rapides et il faut attaquer le col d’Ayen par une montée que je redoutais à juste titre. Enfin le col de l’Olivier, suivit d’une descente fabuleuse direction Moustiers. Ici le revêtement est bon, le moral aussi et je commence à y croire. Mais je ne veux pas trop penser à l’arrivée car il reste environ 63 Km et en vélo comme en trail tout peut arriver. Enchaînements de belles courbes en descente, par moment inséré dans un groupe de quelques coureurs, c’est la récompense. Quelques lacets pour remonter sur Moustiers et à partir de là je perds le contact avec d’autres coureurs.

Pas de chance car on commence à ressentir du vent de face, venant de l’ouest. Moustiers, Puimoison, Riez, le vent pas trop fort mais de face en solo, légèrement déprimous le Jef ! Le dieu Eole aurait il entendu mes jurons ma supplique ? En tout cas j’ai bien entendu un groupe de coureurs arriver dans mon dos et la voix du leader m’encourager à rester avec eux. Je crois que c’était entre Riez et Allemagne-en-Provence dans les grands faux plats montants, mes sauveurs ! J’accroche à l’arrière du wagon avec la ferme intention de ne rien lâcher. C’est un costaud de l’UC Carqueiranne qui mène notre groupe en faisant l’effort. Il a couru sur le petit parcours (s’agit il d’Hervé Buisson ?), puis il est venu chercher et encourager sa compagne Isabelle sur la fin du grand parcours. Celle-ci finira troisième féminine. On a pas pu le relayer mais le cœur y était ! Alors un grand merci à lui, pour son esprit sportif, le tout dans la bonne humeur. Il a retrouvé la banane le Jef, va finir la course en peloton ! Malgré des côtes encore sérieuses, ce retour en bonne compagnie sera un vrai plaisir. D’ailleurs voilà «déjà» Gréoux-les-Bains et l’arrivée en haut d’une dernière côte.



Au Garmin 171,7 Km pour un dénivelé de 2683 m (sans correction), mais beaucoup trouveront plus de 3000 m, en 7h27' à une moyenne de 22,7 Km/h (pauses inclues). Classé 188° sur 206 finishers et 38° en catégorie 50-54 ans. Le premier en 4h58’, le dernier en 8h06’. C’était ma seconde course cyclosportive. C’est aussi mon record personnel de distance. Mais surtout content d’être rentré à bon port, tout en ayant fait le plein de sensations et d’expérience.

Il faut remercier l’organisateur et les nombreux bénévoles pour la sécurité tout au long du parcours, y compris lors du retour des derniers. Panneaux, contrôleurs, priorité, gendarmes aux carrefours importants, etc. Sécurité rendue nécessaire dans une course sur route ouverte et en secteur touristique. Un seul bémol, le manque d’eau au R2. Et surtout pour l’an prochain, partir une heure plus tôt. Résultats sur KMS, photos officielles, album de Christian Girard, photos de la tête de course par Véro Cédric vélo. Articles de presse et photos diverses : HauteProvence, article de Nicolas Raybaud dont le résumé me semble juste «Usant, roulant, sans cesse en relance, technique, panoramique, vertigineux, sont autant de qualificatifs qui définissent ces 172 km et 3200 mètres de dénivelé positif.» Vidéos de Manu Lorgues sur le départ et l'arrivée du petit parcours (91K) qu étaient aussi utilisés par le 170K :


   

Vidéo et photos de Christian Girard, avec caméra embarquée sur la moto (Jef à 4:34), ambiance verdon garantie !


Carton rouge : je ne sais plus à quel endroit en début de course a eu lieu le dépassement extrêmement dangereux d’un abruti en voiture blanche. Ce con a doublé notre peleton (quelques dizaines de vélos) sans visibilité dans un léger virage. Arrive en face une Mercédès. Coup de freins, j’ai vu l’instant où cet encxlé allait se rabattre sur nous. La Mercédès roule sur le bas côté pour éviter le choc frontal, nuage de terre… Tout le monde a eu beaucoup de chance à ce moment là. La vie ne tient parfois qu’au hasard, alors automobilistes perdez quelques secondes en attendant de pouvoir doubler en sécurité, tout le monde y gagnera ! Faudrait leur mettre du plomb dans la tête, j’me comprends…


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