En 1951, Marcel Senderowicz a épousé Hélène Finkielsztajn, la fille d'Izaac et de Malka née Szpajzman. Ils ont eu un fils Patrice qui avec sa femme Véronique leur donneront deux petites-filles Laura et Alice. Eva voyait nos cousins de temps en temps à Paris. Je les ai peu rencontrés et malheureusement Hélène est décédée le 11/12/2008.

Lors d'un échange téléphonique avec Marcel, il m'a raconté l'anecdote suivante. Avant-guerre, lorsqu'elle était enfant, Hélène était allée dans sa famille en Pologne. Trente sept membres de la famille ont été tués, seuls deux ont survécus et sont allés vivre en Israel. Plus tard Hélène leur rendra visite deux ou trois fois en Israel, ainsi qu'Eva en 1973. Ils habitaient au 25 rehov Arlozoroff à Bat-Yam, Jaffa (recherches en cours). Je sais aussi qu'en 1938 mes grands-parents ont envoyé une photo d'Eva en Pologne à une tante, tante dont ne reste que les prénoms ou diminutifs Rive Sheyndl ?


               

Jusqu'en 1936 au moins, Isaac et Malka habitaient 27 rue du corbeau (ou au n°10) Paris Xe. Durant les rafles en juillet 1942, Hélène et ses parents, Isaac et Malka, ont été secourus par une famille de Bourg-la-Reine: les soeurs Charra. Grâce à une filière protestante, Aline, Anna, Augusta, Emma, Emilie et Marthe Charra parviendront à cacher Hélène et ses parents dans un logement à Cachan. Les souvenirs d'Hélène, repris ci-dessous, détaillent cet épisode et en disent long sur le courage de ces femmes. «En 1942, nous avons dû fuir notre appartement. Elles nous ont toutes accueillies dans leur maison de Bourg-la-Reine et grâce à une filière protestante, elles nous ont trouvé un logement à Cachan où nous avons vécu les volets clos sous un faux nom jusqu'à la Libération. Aline a pris le risque de se rendre à Paris et de faire sauter les scellés de notre ancien appartement pour récupérer les outils de mon père. Il a pu ainsi travailler et subvenir aux besoins de sa famille». Bien plus tard et à l'initiative d'Hèlène, les soeurs Charra seront élevées à titre posthume au rang de Juste parmi les nations. Et en décembre 2007, Bernard Segaud en tant que petit-fils d'Emma Le Comte-Charra, a reçu les médailles des Justes au nom des siens. C'était aussi le filleul d'Hélène. Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier, (talmud).


               

Marcel m'a aussi raconté l'émouvante histoire de la famille Wajeman (Wajcman ?), liée à sa propre famille dans un second temps. Le père de Marcel (Sender Senderowicz) est mort en déportation, ainsi que son oncle, sa tante et leur fils de huit ans. Par la suite, j'ai trouvé une trace de Sender à Auschwitz dans la Zugangliste Juden, avec le matricule n° 42532 donc pas gazé immédiatement à l'arrivée (à confirmer). Voici une lettre envoyée du camp d'internement de Pithiviers par Sender à son fils et à sa femme la veille de son départ en déportation):


Pithiviers, le 24-6-42

Chers Fanny et Marcel,
Nous sommes en très
bonne santée.
Je part avec ...
ce-soir à l'est mais ne
savons pas exactement où.
N'ayez pas de chagrin,
nous nous sauverons !
J'ai expédié aujourd'hui
un colis avec les linges
propres et sales il nous reste encore ....

Courage et bons baisers


Un peu plus tard, la mère de Marcel (Fajga) née Zynger s'est remariée avec Roman Wajeman (Wajcman ?). Ors Roman avait déjà été marié une première fois, mais sa femme Chana et sa fille Madeleine avaient été déportées elles aussi. Chana par le convoi n° 15 du 05/08/1942 et Madeleine par le convoi n° 35 du 21/09/1942. Madeleine était née le 19/12/1926 et d'après Marcel qui les avait connus, elle était adorable.

Chana Wajeman était née Finkelstein mais il ne s'agit pas de ma famille. C'est un pur hasard mais pas étonnant vu le nombre de Finkelstein habitant Varsovie avant la Shoah ! Voici deux photos de la famille Wajeman avant les déportations, ils habitaient au 77 rue des Orteaux Paris XXe. Quand à la carte, elle a été envoyée par Roman alors interné au camp de Pithiviers en décembre 1941, camp duquel il se serait ensuite évadé.