Bloc montagne aux Ecrins
Séjour de préparation à l'altitude et aux cols montagne mai 2016




Mardi 17 mai : grimpettes en Vallouise. Départ du camping aux Vigneaux pour l’échauffement dans la montée à Puy Saint-Vincent (1800 m). Descente fraîche sur Vallouise, puis direction Pelvoux, Ailefroide et la petite route bucolique conduisant au pré de madame Carle (1874 m). Au fond la face sud des Ecrins (4102 m), sommet éponyme du massif. On distingue au milieu la moraine du glacier noir, très belle rando-trail depuis le village d'Ailefroide, avec descente sur névé en cette saison ! C’est un matin calme, l’air est vif. Je profite du paysage et admire des centaines de mètres plus haut les séracs du glacier des violettes juste à l’aplomb de la route à l’entrée du pré… Suivra une descente au ralenti sur Vallouise pour éviter graviers et marmottes et enfin une dernière montée avec un aller-retour sur la route étroite de Puy Aillaud (1605 m). Grand soleil, un vent frais et des fleurs à profusion. Sortie de 66 Km avec un dénivelé positif 2066 m en 4h12' (autolap), détails Strava.


Souvenirs, la face Est du Pelvoux. Juste entre les sommets du Petit Pelvoux à gauche et des Trois Dents à droite, le décollage falaise du 18 juin 1989 avec mon parapente Marboré vers 3700 m. Après être monté par le couloir Coolidge. Personne au refuge la nuit précédente. Au sommet sur le glacier, je croiserai juste un autre alpiniste de loin (sorti de la face Nord ?). On échangera un signe de piolet en guise de salut.

Je cherche un endroit pour décoller avec si possible du vent de face, mais il est encore tôt. Enfin le cœur qui bat fort et dès que je sens une bulle vent de face, une grosse respiration, une course courte mais sans hésitation car pas de seconde chance et déjà les jambes dans un vide... sidéral. Enfin disons sidérant c'est déjà bien ! Vingt minutes très intenses dans ma vie. Une date écrite en rouge dans le carnet de vol, avec des images gravées en moi pour toujours.

Alors quand je repasse aux pieds du Pelvoux et que je lève la tête comme aujourd’hui, c'est toujours avec respect car les éléments y sont très forts. Parfois l'homme y est accepté un court instant, dans la brutale magie de l'altitude.
   
   




Mercredi 18 mai : on sort de la vallée pour une boucle Les Vigneaux – col d’Izoard dans le sens sud nord, en empruntant les routes secondaires. Une pause sera la bienvenue après la rude côte de Champcella. Direction le grand rond-point sous Mont-Dauphin, puis Guillestre avec ici une section que je n’aime pas car fréquentée et dangereuse. Enfin je sors des gorges pour attaquer l’ascension du col. D’abord agréable jusqu’à Avrieux et la Chalp, vient l’autre passage que je déteste : la grande droite bien raide qui traverse Brunissard. Du coup, les lacets qui suivent me paraissent agréables, et ils le sont. Je rencontre des cyclistes belges qui sont assez peu couverts, là haut le vent souffle encore… Pause ravito à la Casse-Déserte deux Km avant le col, on admire un paysage incroyable et magnifié par la neige récente. On repart dans une descente suivi d’un mur. Les souvenirs de la Haute Route 2015 me reviennent à l’esprit. Lors de la seconde étape, on avait enchaîné les cols de la Bonnette, de Vars et d’Izoard dans le mauvais temps, sous l’orage pour ce dernier ! Alors aujourd’hui, tout va bien. C’est mon troisième passage à l'Izoard (2360 m) en moins d'un an.


                       

Neige, soleil et ... vent. Descente fantastique bien que fraîche par le versant nord. La route est bonne mais rapide et «marmotteuse» donc attention. Après Cervière la route se dégrade, pour devenir pourrie de Briançon jusqu’après Villard Saint-Pancrace. C’est pénible, dangereux, avec un vent du sud, donc de face. Moment de solitude. Enfin la bifurcation à Prelles pour rentrer aux Vigneaux par la route en balcon, sous Bouchier. Je retrouve le sourire en grimpant. Peu de temps après, je récupère avec un muesli maison : goji gingembre frais, cannelle, pomme, lait de soja. Encore une bonne sortie malgré la frayeur du tunnel que je préfère oublier. Environ 99 Km D+ 2891 m en 4h53’ (autolap), détails Strava.


Violence routière, ras le bol ! Dans le tunnel après Guillestre, un bruit d'enfer, j'ai l'impression qu'un train arrive ! Mais bon, à moins d'être à 3 grammes (hum hum miss K....), je ne roule pas sur la voie ferrée. En face arrive un énorme camion, au milieu de la chaussée pour ne pas «frotter», et en klaxonnant comme un malade... Il a fallu que j'agite les bras pour qu'il daigne m'épargner de quelques centimètres. Le tout dans le noir avec phares dans les yeux et un bruit infernal. Le stress, j'en parlerai au psy ou plutôt aux chiens (c'est plus sympa et plus efficace). Je pense que le camion était hors gabarit, et comme d’habitude aucun flic (gendarmerie deux km avant). Bref la vie est belle, des fois, mais elle ne tient que par un fil fragile.




Jeudi 19 mai : il a plu toute la nuit et donc neigé en altitude. Ce sera une journée détente, avec le matin marché au village de Vallouise et ballade paisible dans les ruelles et les champs, jusqu'à la grêle... Vallouise avant la foule de l'été ou le meilleur moment pour retrouver un peu de calme et se poser un instant. Chat perché ? Chat perché, chatpristi ! Avec ces congés je décompresse, peu à peu l’envie revient. J’improvise pour déjeuner une salade BBB (beau, bon, bio): spaghettis de seigle, brocolis, tomate ancienne, champignon de Paris frais, un demi chèvre frais, des graines de chanvre décortiquées, des graines de lin, du poivron rouge, quelques pignons de pin, de la coriandre, un filet généreux d’huile olive/colza. Y'a tout dedans !


                       

L'après-midi récupération active avec une rando-trail d'environ deux heures au dessus du col de la Pousterle, vers les lacs (GPS oublié), au gré du hasard des traces. Souvenir du trail des écrins 2012 avec Les Tontontrailers. Une explosion de fleurs dans les alpages et toujours ce vent frais. Avec le terrain souple, le genou a bien encaissé la course sur les plats et dans quelques montées, les descentes effectuées en marche rapide ou foulée très amortie. C'est toujours ça de pris !


Souvenirs, le grand trail des Ecrins. En juin 2012, trail de 80 Km et D+ 4400 m en deux étapes. Rencontre avec mes potes Les Tontontrailers. Samedi 23 l’Argentière – Vallouise, crête au dessus de Fressinières, cols d'ornon, de la Pousterle, etc, 41,5 Km D+ 2250 m. Dimanche 24 au départ de Vallouise boucle sous la tête d'Amont (voie Desmaison avec mon pote Jean), la transcoulette et passage du col de Vallouise 38,5 Km D+ 2150 m.

Lien vers le résumé et les vidéos des deux jours, ci-contre la bande annonce des TontonsTrailers: http://finkelstein.free.fr/montagne/trail/11/11-Grand-Trail-Ecrins-23-24-juin-2012.html




Vendredi 20 mai : aujourd'hui les cols du Lautaret et du Galibier, sans savoir si ce dernier est praticable. Une fois garé au parking de Saint-Chaffrey pour éviter la route pourrie et dangereuse traversant Briançon, je pars bien couvert en direction du Lautaret (2058 m). Un vent de face (vent d’ouest il me semble) m’accompagne depuis la barrière bien avant le pare-avalanches. Courte pause et ca repart à droite vers les hauteurs. La route du Galibier est fermée. Le déneigement est en cours, il y a aussi un éboulement de pierres, mais elle parait "possible" à condition de ne pas passer sous la fraiseuse qui travaille plus haut. J'attends que la fraiseuse s'arrête pour pouvoir passer dessous (blocs qui roulent). ). Bravo aux pilotes des engins, ils font un travail dangereux.


                   

Quand c'est fermé, c'est fermé, m'enfin ! Prudence car les conditions ne sont franchement pas idéales : plaques à vent dans les pentes, congères impressionnantes… Avec quelques cyclistes, on montera jusqu'au tunnel à 2556 m avec par moment un vent très froid. Ambiance irréelle et vue magnifique, mais je resterai très attentif durant toute la descente jusqu’au Lautaret. On repassera au Galibier fin août lors de l’étape 3 de la Haute Route Alpes 2016 (départ de Risoul, Izoard, Galibier, arrivée à Valloire). Au retour, la température remonte avec une pause ravito au village du Casset. Joli détour, un coin que j’apprécie. Pour aujourd’hui : 65 Km D+ 1463 m en 3h17' (autolap), détails Strava.

Souvenirs, les débuts en alpinisme. Durant l'été 1978, camp du GUMS à Ailefroide. Passage au village du Casset pour gravir le couloir Davin (trop lents, on fera demi-tour à mi couloir). Nos 17 ans, les parents encore jeunes... Passer par le col d’Arsine pour aller bivouaquer sur la moraine de ce glacier et monter aux Agneaux par le couloir Piaget ou traverser Neige-Cordier. On a souvent campé au Casset, quand c’était encore autorisé ou à Ailefroide. Les blocs d’escalade, les projets, la vie devant soi…

Et bien plus tard en juin 2011 (photos à droite) avec Pierric, Jean-Marc et d'autres copains parapentistes d’Aix de la Old Pig !, encore le couloir Davin pour décoller du sommet (impossible pour moi, bien trop lourd je m’enfonçais dans la neige croutée du décollage, d’où un retour interminable)… P'tain, ça passe vraiment trop vite !
   

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